La Koutoubia dans les écrits de Pierre Dumas
Le Maroc
« Dominant la fourmilière humaine, la Koutoubia célèbre porte dans le ciel, au sommet de ses soixante-dix mètres, le souvenir d’une puissante dynastie.
De loin, la tour semble normale, bien assise certes, mais de proportions moyennes. De près, elle écrase les mortels sous ses sept étages édifiés en pierre rose. C’est l’œuvre d’un sultan qui fut à la fois architecte et conquérant, d’un monarque à qui le Moghreb et l’Espagne doivent leurs plus beaux monuments : El Mansour.
La Koutoubia est à ce point célèbre qu’on en a reproduit l’aspect sur les timbres-poste du protectorat. C’est un des maîtres monuments de la capitale rouge.
Tandis que l’Islam victorieux élevait la Giralda de Séville, ici des milliers d’esclaves chrétiens construisaient ce prestigieux ensemble. En considérant la tour aux sept étages, on devine à peine ce que devait être la salle des prières, la mosquée proprement dite avec ses patios pour les ablutions et les sacrifices.
Toute l’histoire de Marrakech s’est déroulée autour de la Koutoubia. Jadis mosquée des libraires dont les petites boutiques l’enserraient, elle devient successivement un lieu de pèlerinage pour tous les étrangers et enfin une place de guerre dont on voit encore aujourd’hui les murs crénelés et les remparts. Allah ne l’a d’ailleurs pas abandonnée complètement puisqu’un muezzin l’habite encore pour solliciter la prière des passants.
Comme pour tous les sites pittoresques, comme pour toutes les mosquées célèbres, des centaines de légendes courent dans le peuple sur la Koutoubia. Elles formeraient un livre. Recueillies et retransmises amplifiées par les conteurs arabes, leur nombre et leur valeur s’accroît de jour en jour.»




