La Médina dans les écrits de Jerôme et Jean Tharaud Marrakech ou les seigneurs de l’Atlas
Marrakech 1918 De ce vaste monceau de terre mille remué par les hommes, mille fois redevenu poussière et inlassablement redressé en murailles et en maisons, surgit une haute tour de pierre, carrée, brulée par le soleil, prodigieusement isolée dans sa solitude aérienne, avec ses quatre boules d’or enfilées à son sommet, la haute koutoubia, qui domine de plus de soixante-dix mètres cette ville à ras du sol, et vers laquelle s’acheminent depuis huit siècles les ambitions, les désirs et toutes les pistes du Sud… Plus loin, de hauts murs crénelés entourent d’immenses cours désertes, laissant apercevoir des pointes de cyprès et les toits verts du palais des sultans, que prolonge à perte de vue un jardin d’oliviers et d’orangers, presque aussi grand à lui seul que le reste de la ville, et d’où l’on voit surgir d’autres toits verts, d’autres cyprès, et ces palmiers échevelés qui semblent éventer les neiges