L’Agdal dans les écrits de Henry Bordeaux Un printemps au Maroc

Henry Bordeaux (1870-1963) fut un romancier très populaire. Sa carrière d’écrivain prolixe s’étale de 1887 où il publia son premier poème (Rebecca) jusqu’à 1960, année de son dernier livre (Le Flambeau Renversé). Les visites qu’il rendait à son frère qui servait dans l’armée du levant puis au Maroc lui inspirèrent une demi -douzaine de récits de voyage consacrés au Liban et au Maroc. Henry Bordeaux, fût marqué par la religion catholique et imbu de valeurs occidentales et coloniales.

Suivant la tradition des auteurs voyageurs, Henry Bordeaux se rendit aux jardins de l’Agdal au printemps 1931.

« Marrakech, 1931

Le charme de l’Agdal : il s’accroît d’enclos en enclos. Tous les arbres fruitiers y poussent, figuiers, grenadiers, abricotiers, pruniers, poiriers, mais le feuillage clair et pâle des oliviers y domine, et les orangers y abondent, les orangers à qui j’ai pensé quand j’ai baptisé Marrakech l’oasis de neige et d’or. L’orange n’est-elle pas le plus beau fruit : couleur, parfum, saveur, elle caresse ensemble les yeux, les narines et la bouche. Elle réalise la perfection. Elle serait à elle seule une preuve de l’intervention divine dans la création du monde. Suspendue aux arbres, elle dessine dans les jardins de prodigieuses girandoles. Elle les illumine en plein jour. Elle oppose ses feux à la blancheur de l’Atlas qui s’est chargé du fond du décor. De la grande ville oubliée on n’aperçoit que la tour rouge de la Koutoubia. Il n’y a personne et le pas des chevaux ne s’entend pas. Comme il fait bon vivre !»