L’Agdal dans les écrits de Jean Ravennes Aux portes du Sud, le Maroc
Jean des Vallières (1895,1970), dont le nom de plume fut Jean Ravennes, fut un militaire, écrivain et scénariste français.
Né le 5 Avril 1895 dans une famille de bourgeoisie parisienne, Jean des Vallières (Jean Ravennes), fit ses études à l’Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr. Affecté à la cavalerie, aux régiments des hussards, blessé sur le front Belge, il quitta la cavalerie pour rejoindre l’aviation. En décembre 1916, Jean des Vallieres effectua un atterrissage forcé en territoire ennemi.
Emprisonné puis transféré au camp de travaux forcés d’où il s’évada pour participer à la révolution allemande à Berlin et à Magdebourg et fût emprisonné de nouveau à Magdebour. Ces tumultueux événements lui inspirèrent deux récits, Cavalier Scharnhorst (1931) et Spartakus Parade (1932).
Déçu des politiciens, Jean de Vallieres fréquenta les milieux royalistes et publia des romans sous le pseudonyme de Jean Ravennes. Sous l’influence de son beau frère, le colonel Henri de Corta, il s’engagea à la légion étrangère pour servir au Maroc, de cette expérience marocaine, Jean de Ravennes publia Les hommes sans nom et Le Maroc aux portes du Sud. En 1939, Jean des Vallieres fut mobilisé puis démobilisé après l’armistice. Il occupa le poste de sous préfet d’Arles puis révoqué en 1942. En 1943 il fut arrêté par la Gestapo pour détention illégale d’armes et de munitions. Ayant choisi la fuite après la libération, la Cour de Justice de Marseille le condamna à mort par contumace en 1946. Son éxil dura jusqu'à son acquittement par le tribunal militaire de Reuilly en 1952. Jean des Vallières regagna alors la France et poursuivra sa carrière d’écrivain et de scénariste.
Lors de son service à la légion étrangère au Maroc, en 1930, Jean Ravennes visita la perle du sud et ses principales curiosités dont l’Agdal fut un incontournable.
« Marrakech, 1930
Là, les jardins impériaux de l’Agdal sont un monde d’enceintes successives et de portes en terre rouge, séparant les bassins, les miroirs de fleurs, les vergers bondés de citronniers, de mandariniers, de vignes comme des arabes et de cyprès décapités comme des tours. Chaque carré clos est une vallée d’enchantement où murmurent goutte à goutte les séguias aux réseaux savants. Toute la poésie arabe complique ces jardins dont les dynasties, bien que rivales, se sont transmis le soin avec amour. Car les conquérants d’alors entendaient jouir de leurs conquêtes et tout dit, dans cet éden persan, les raffinements de volupté où ils s’abîmaient entre deux combats : les terrasses étagées comme des soupirs profonds, - les reposantes eaux turquoises où l’on contemple l’image adoucie du ciel, - les mosaïques des allées, fraîches aux pieds nus, - les parfums entêtants qui inclinent à un sommeil semblable à la mort. L’amollissement dans de tels rêves perdit tour à tour les sultans guerriers, qui y oubliaient leur empire, - bientôt remplacés par d’autres qu’un même sort attendait, pour avoir ajouté aux jardins d’autres jardins dans le silence d’autres murs.»