Les juifs de Marrakech dans les récits de voyages de W.Lemprière

Le Maroc Il y’a cent Ans

Traduction d’Albert Savine

« Marrakech 1789
Les femmes juives de Maroc(Marrakech)sont communément blondes et fort belles. Elles se marient très jeunes. Quand une fois elles ont changé d’état, elles ne sont plus tenues à ne sortir que voilées, mais dans l’intérieur de leur ménage, elles n’ont guère plus de liberté que les femmes des Maures. Les unes et les autres ne mangent jamais avec leurs maris, qui veulent toujours être regardés comme des maîtres. Les filles à marier ne sortent de la maison que dans des cas extraordinaires. Lorsque cela arrive, les parents ont grand soin de leur tenir le visage couvert d’un voile. Le goût de l’intrigue et de la galanterie chez les femmes naît presque toujours de notre jalousie, de nos mauvaises façons pour elles. Une contrainte perpétuelle ne fait que servir d’excuse à leur inconduite. Si elles cessent d’être les gardiennes de leur honneur, elles n’attachent plus d’intérêt à sa conservation et deviennent bientôt insensibles à la honte qui accompagne l’infidélité. Les juifs donnent pour raison de leur extrême surveillance la coquetterie et les artifices dont ils accusent leurs femmes. C’est le même principe qui leur fait garder leurs filles avec tant de soin dans la crainte qu’elles ne commettent quelque imprudence qui les empêcheront de se marier.
Les Juifs de Maroc(Marrakech)célèbrent leur mariage avec beaucoup d’apparat. Quelques jours avant la célébration, la future se peint le visage avec du rouge et du blanc. Elle se fait aussi aux mains et aux pieds des marques jaunes avec une herbe appelée henné. Cette plante, réduite en poudre et délayée dans un peu d’eau, sert aux Maures à graver sur la peau toutes sortes de figures en la piquant avec une aiguille. Les marques qu’on fait de cette manière ne s’effacent qu’à la longue et très difficilement.»